Traduction

Depuis sa création en 1996, l'Association FORCED LANDING a pour objectif d'honorer la mémoire de tous les aviateurs qui ont combattu (et souvent donné leur vie) durant la seconde guerre mondiale pour repousser l'occupant nazi et redonner à la France sa liberté. Notre travail se concentre sur le Département de l'Eure-et-Loir (28).

 



BOMBARDEMENTS DE CHARTRES LE 1er AOUT 1944

 

Le 1er Août 1944, 1014 quadrimoteurs et 397 chasseurs d'escorte de la 8ème Air Force Américaine décollent d'Angleterre. Initialement, la ville de Berlin était la cible principale de la journée. Toutefois, en raison d'un ciel extrêmement nuageux pouvant compromettre la mission, le commandement américain décida de modifier les objectifs. Chartres, Châteaudun et Orléans figurent désormais parmi les objectifs prioritaires des bombardiers. La percée des troupes terrestres américaines vers Avranches doit être renforcée par les bombardements des terrains d’aviations proches du front normand afin d’empêcher le ravitaillement en munition et en carburant des chasseurs allemands qui tentent d’harceler les alliés. 

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Le bombardement de Maintenon

De 12H45 à 14H50, le viaduc et la gare de Maintenon sont bombardés.

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Le bombardement du terrain d’aviation et des Grands-Près à Chartres

L'attaque de la ville de Chartres devra se faire en trois étapes, à 14H30, 16H10 puis 17H45, la première vague se composant de 58 "Forteresse volantes" B-17 (36 B-17 du 91st BG et 22 B-17 du 401st BG) qui ont pour cible le terrain d’aviation de Chartres tandis que 36 autres B-17 du 384th BG attaqueront un pont ferroviaire (viaduc des Grands-Près) et enfin, un troisième bombardement se déroulera une heure après la première attaque.

Le témoignage du Lt Jesse E. MAXEY du 384th BG (545th BS) résume assez bien le déroulement de cette attaque avec le décollage à 11H30, le regroupement fut normal et complet au-dessus de leur base à 12H15. La cote ennemie fut atteinte à 22.000 pieds d’altitude au Nord du Havre et l’objectif fut atteint à 14H45 à 25.000 pieds d’altitude. Aucun chasseur ennemi ne fut rencontré. Idem avec la Flak, excepté sur l’objectif où elle fut modérée mais très précise. L’objectif du 384th BG était le pont ferré mais les résultats de ce bombardement furent jugés médiocres.

Un B-17 du groupe précédent (91st BG) fut touché par un tir direct, il plongea, s’enflamma puis explosa à 5.000 pieds d’altitude. Aucun parachute ne fut aperçu.

Peu après, deux B-17 du groupe suivant (401st BG) rentrèrent en collision et un seul parachute fut observé.

Les chasseurs alliés escortèrent les formations de bombardiers durant toute la mission et les bombardiers rentrèrent à leur base anglaise vers 17H50.

 A 16H10, le terrain d'aviation et la gare de triage subirent leur troisième et dernier bombardement massif de la journée. Ils sont cette fois-ci la cible d'une formation de 70 bombardiers regroupés par 16 ou 18 appareils[1].

 Les archives de la défense passive de Chartres décrivent le bombardement du 1er Août comme étant un des plus violents et meurtriers de Chartres durant toute la seconde guerre mondiale.

En effet, ce jour là, la ville de Chartres et ses faubourgs subirent trois violents bombardements successifs à 14H30, 16H10 puis à 17H45. L'objectif principal des bombardiers était le terrain d'aviation et le viaduc des Grands-Prés. De nombreuses bombes tombèrent sur la ville à Saint-Chéron, sur le Faubourg Guillaume, sur le Cimetière Saint-Chéron, sur la Rue d'Ablis, sur la Place Billard, sur la Place de la Poissonnerie, sur la Rue d'Amilly, Rue du Bourgneuf, les Trois-Ponts et le quartier de la Roseraie. Des projectiles tombèrent aussi à Luisant, rue Marceau et à Beaulieu. Les dommages matériels sont importants. Seules les voies ferrées "Chartres-Orléans" et "Chartres-Massy" furent coupées, cette dernière à hauteur de Champhol. Un incendie se déclara Place Billard et Place de la Poissonnerie, nécessitant l'évacuation de nombreux immeubles. Au total, on dénombra 25 tués, 20 blessés, 226 bombes, 90 engins incendiaires, 50 immeubles détruits, 80 immeubles inhabitables et 100 immeubles endommagés. Lors de ces trois bombardements, trois bombardiers furent abattus par la DCA.

A 17H20, les appareils de la première vague sont de  retour sur leurs terrains d’aviation en Angleterre.

Journal "La Dêpêche d'Eure-et-Loir du 03 Août 1944 et rapport de la Dfense Passive de Chartres

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LE CRASH DU B-17 du Lt STEVENS A AMILLY

A 14H53, la première vague composée de 12 bombardiers B-17 du 91st Bomb Group et de 36 B-17 du 384th BG arrivent sur Chartres pour détruire le terrain d'aviation et le pont ferré des Grands-Près.

Parmi ces bombardiers, se trouvent onze appareils du 322nd Bomber Squadron, quatre appareils du 323rd BS, neuf du 324th BS et douze appareils du 401st BS. Tous décollèrent vers 11H30 du terrain d’aviation anglais de Bassingbourn entre Londres et Cambridge.

Il se disait à l’époque que le terrain d’aviation de Chartres était une piste en cours de réaménagement pour accueillir un nouveau type de chasseurs allemands, les Me-262, les premiers chasseurs allemands à réaction.

A l’approche de l’objectif et arrivant par l’Ouest de la ville, la défense anti-aérienne allemande de Mainvilliers pour cible les premiers appareils et se montra  très précise. Elle finit par toucher de plein fouet le B-17 n°42-97879 (Code « DF-E ») appartenant au 324nd Bomber Squadron du 91st Bomber Group et piloté par le 2nd Lt Arthur L. STEVENS. Il s'écrase immédiatement à l'Ouest de Chartres, à Amilly.

Rapport allemand du crash du B-17 d'Amilly

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Epave du B-17 n°42-97879 à Amilly

 

Le lecteur averti notera que l’appareil appartenait en réalité au 324th BG mais qu’il avait été assigné à titre exceptionnel à un équipage du 322nd BG.

Selon les témoignages apportés par d'autres membres de la formation, l’appareil fut atteint par des obus entre le poste de pilotage et la soute à bombes, ainsi qu'à l'aile gauche. L'appareil s'engagea alors dans une vrille avec deux moteurs en feu. Quatre hommes d’équipage restèrent bloquer dans l'avion en flammes et cinq autres parvinrent à sauter mais un seul des aviateurs réussit à ouvrir son parachute…

Vers 1.500 pieds, la forteresse volante, vraisemblablement encore chargée de bombes, explose en l'air et éparpille des débris sur une grande superficie. L'homme chanceux qui sauve sa vie est le Sergent Laurence E. DOYLE, mitrailleur arrière mais il fut capturé par les Allemands.  

 Voici la composition du malheureux équipage:

 

Le T/Sgt Eldred BASKIN s’était engagé dans l’armée de l’air en Avril1942. Il reçut un entrainement basic sur le terrain d’aviation de SHELPBARD, puis une formation de mitrailleur pour bombardier, à Las Végas.

Depuis Juin 1943, il était instructeur-mécanicien à Moses Lake (Washington) puis à Drew Field, Tampa (FL). Là, en Juin 1944, il rencontra un équipage en transit vers le front européen mais un de ses membres était tombé malade et un remplaçant fut recherché. Le T/Sgt BASKIN se porta volontaire.

De toute évidence, l’équipage du Lt STEVENS fut constitué à la mi-juin 1944 et ses membres s’installèrent immédiatement sur le terrain d’aviation de Bassingbourn.

Ainsi, lors de la mission du 1er Août 1944 sur Chartres, cet équipage ne volait que depuis peu de temps. Cette information fut confirmée en 2012 par la sœur du T/Sgt BASKIN. Ceci explique pourquoi il n’existe aucune photo de cet équipage.

Initialement, le 2ème Lt James SWAYE devait être le bombardier de cet équipage mais, puisque la 8ème Air Force manquait cruellement de navigateur, ce dernier fut volontaire pour suivre une formation de navigateur dans une école située en Angleterre. Il fut alors remplacé par le 2ème Lt Thomas J. SCHEURELL.

Le 1er Août 1944, le 2ème Lt SWAYE n’avait pas encore terminé sa formation de navigateur. Du fait de la disparition de son équipage d’origine, il intégra ensuite l’équipage du 2ème Lt Royal E. MANVILLE.

Six jours avant sa disparition, le T/Sgt BASKIN avait écrit à sa famille pour lui confirmer qu’il était satisfait de sa situation, de son équipage et que, seule, son épouse (Dorothy) lui manquait. En effet,  ils étaient mariés depuis moins d’un an. Après la guerre, son épouse se remaria et construisit une nouvelle famille (le T/Sgt BASKIN n’avait pas d’enfant) mais elle garda toujours contact avec la famille BASKIN.

Son corps fut rapatrié après la guerre au cimetière national d’Arlington avec quatre de ses camarades d’infortune (LESZKOWICZ, TALIAFERRO, CARREL et Lt STEVENS). 

   

Thomas J. MINNICK                                           Eldred BASKIN                                  Sgt Laurence E. DOYLE

(Collection Famille MINNICK)                                                     (Collection Famille Baskin)                                          (Collection Famille DOYLE)      

 

Tombes des Sgt BASKIN, LESZKOWICZ, TALIAFERRO, CARREL et du Lt STEVENS
au Arlington National Cemetery (USA)
Sgt DOYLE
devant un B-17 nommé « EARTH QUAKE » (tremblement de terre)

   

Sgt Paul B. TALIAFERRO (Collection Famille Taliaferro)

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Le corps du 2ème Lt SCHEURELL fut également rapatrié après la guerre, séparément.

Les corps du T/SGT MINNICK et du 2ème Lt DIXON reposent désormais au cimetière militaire américain de Colleville-Sur-Mer (Normandie).

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Récit du Sgt Laurence  E. DOYLE: "J’ai été abattu avec mon équipage sur un bombardier B-17, près de l'objectif à Chartres. Nous avons été touchés par la DCA et j'ai été blessé à la tête, aux bras, au bas du corps et aux jambes au moment où nous avons été abattus, et j’étais le seul survivant. Je fus incapable de contrôler mon parachute lors de la descente en raison des turbulence et j’ai atterri sur le côté gauche, me déboitant mon épaule gauche et me cassant la clavicule gauche. J’eus également une fracture des deux chevilles avec des blessures aux hanches et genoux. Je fus dans l'impossibilité de bouger en raison de mes blessures et je fus pris en charge par un Sergent allemand qui vint à mon encontre en courant. J'essayai de me relever mais le soldat allemand me posa au sol, m'insulta et me menaça avec son pistolet. Voyant mes blessures, il ordonna aux autres soldats de me transporter jusqu'au camion qui prit ensuite la route de Chartres. Sur le chemin, nous nous sommes arrêtés à un camion médical de campagne et un médecin allemand enveloppa ma clavicule et ma cheville gauche jusu'au genou, avec un bandage en papier épais. J'ai ensuite été emprisonné durant 5 jours dans une église de Chartres avec 25 autres prisonniers (des fantassins et équipages de char d'assaut). Ensuite, nous avons été emmenés à Paris en camion puis en train jusqu'à Francfort, en Allemagne, dans un centre d'interrogatoire. Nous avions seulement du pain et de l'eau. Après 5 jours, nous sommes arrivés au Stalag Luft 4, près du village de Kiefhiede. Ce Stalag se composait de 4 enceintes de 2.500 hommes. Durant toute ma captivité, la seule nourriture était les rations de la Croix-Rouge".
A sa 3ème tentative d'évasion, le 10 Avril 1945, il réussit à rejoindre les forces US à Apenberg (en Allemagne) le 13 Avril suivant et regagna les USA en Avril 1945.

Sgt Laurence E. DOYLE

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  Rapport MACR n°7807 (B-17 du Lt STEVENS)

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LE CRASH DU B-17 du Lt MELOFCHIK A NERON

Le B-17 n°42-39873 (code « IY-Q », surnommé « Stormy Weather ») piloté par le 1er Lt Gérard J. MELOFCHIK et appartenant au 615th Bomber Squadron du 401st Bomber Group participait à la seconde vague et décolla de Deenethorpe, un aérodrome au Nord-Ouest de Cambridge.

 

B-17G – 42-39873 –Stormy Weather- Deneethorpe le 13/12/1943

(collection JP Niclot)

Ci-contre de gauche à droite debout :

Herbert Pressman, enginneer. James Bozarth ,tail gunner. Melvin Crawford, L waist gunner. Leland Tracy, radio.Lyle Weathon ,ball turret gunner. Julias Passillas, r.waist gunner.

Devant : 2nd Lt Tyson, navigator. 2nd Lt Pratt, co-pilot . 1st Lt Melofchik, pilot. 2nd Lt Grisham, bombardier.

(Collection Jean PIERRE)

Illustration de Christian DIEPPEDALE

 

Vers 15h00, dans un ciel nuageux, à 27.000 pieds d'altitude, les bombardiers américains approchent de l’objectif et s'apprêtent à larguer leurs bombes sur le terrain d'aviation allemand.

Toutefois, les trois batteries de la DCA allemande installée à Mainvilliers se montrent très actives et réussissent à toucher de plein fouet un des bombardiers. Un témoin français vécut cet évènement et raconte: "Une forteresse partie en éclats, laissant à sa place un petit nuage de fumée noire. Des débris de la queue tombèrent dans le Bois du Rigeard alors que l'avion plongeait en direction de la route de Dreux".

Ce bombardier est celui du 2nd Lt MELOFCHIK qui se sépare alors en deux parties et va s'écraser quelques secondes plus tard à Néron. Sept des neuf aviateurs trouveront la mort. 

Rapport allemand du crash du B-17 à Néron

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Voici la composition de l’équipage: 


Gérard.L. Melofchik
(collection Jean PIERRE)

2nd Lt  GRISHAM Hughlon

(collection privée)

2nd Lt Richard C. TYSON
(Collection Jean PIERRE)

Sergent James BOZARTH

(Collection Dennis BOZARTH)

Sergent James BOZARTH

(collection Pierre DOUBLET)
 
     

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Morceau de carlingue du B-17G – 42-39873

(collection JP Niclot)

 

 

Vestige du B-17 de Néron

 

Par chance, les Sergents James W. BOZARTH et Harold E. MAPES parviennent à s'extraire de l'empennage sectionné du bombardier durant sa chute et à se parachuter.

Le parachute du Lt MAPES se mit alors en torche et s'abat rapidement dans la plaine au-dessus de la ligne de chemin de fer à Lèves. Au même moment, un second parachute (celui du Sgt BOZARTH) s'ouvre correctement et l'aviateur atterrit dans le champ des Gros Ormes à Lèves.

Immédiatement, James BOZARTH fut pris en charge par trois jeunes habitants de Lèves (Mr Pierre DOUBLET, André LESOURD et Mr FARGUES). Les jeunes français cachèrent l'américain dans un petit bois le temps de lui trouver des vêtement civils et, comme bien souvent face à un grand gaillard, le pantalon était trop court et son nouveau pull était trop étroit...André LESOURD se chargea de se débarrasser du parachute qu'il dissimula dans un grenier et Pierre DOUBLET se chargea de se débarrasser de la combinaison dans laquelle il trouva la photo ci-jointe (destinée à la production de faux papiers) qu'il conserva.

Le jeune FARGUES remit l'aviateur entre les mains de la résistance locale, le "réseau Picourt". Le 08 Août 1944, ce Réseau d’évasion remit le Sergent BOZARTH à un de ses membres (Jean Jacques DE SOUBRIE) afin que l'aviateur américain soit emmené et caché à Paris en attendant la libération. Or, cet agent était en réalité un agent infiltré de la GESTAPO qui le livra aux mains de l'ennemi à Paris.

Habillé en civil, il ne fut pas traité en tant que prisonnier de guerre et fut emprisonné à Buchenwald, en Allemagne. Plusieurs fois, il fut menacé d'être fusillé. Puis, il fut envoyé au Stalag VII quand les soldats russes commencèrent à entrer en Allemagne. Le camp fut à nouveau déplacé à MOOSBURG, en Allemagne, près de MUNICH.

Finalement, les prisonniers américains furent libérés par les blindés du Général PATTON puis dirigés vers Le HAVRE pour emprunter les "Liberty Ship" (bateaux de la Liberté). James BOZARTH pesait alors 40 Kg à son retour aux USA. Après avoir quitté l'Armée, James BOZARTH s'inscrit à l'Université de Missouri où il suivait des cours de "prépa" vétérinaire. Il rentra à l'école vétérinaire en 1949 et termina ses études en 1955 pour ouvrir un cabinet vétérinaire. Marié à CLARA, James eut quatre enfants.

Malheureusement, il décéda d'une crise cardiaque en 1978.

Pour sa part, Harold MAPES ne put s’évader. Au cours de la chute de son B-17, tout vole dans la carlingue et il parvient à saisir son parachute mais ne réussit à l'attacher que d'un côté. Coincé par une jambe prise dans un morceau de métal, il ne peut sauter mais ouvre tout de même son parachute qui, du coup, le propulse à l'extérieur de l'avion.

A moitié sanglé, le parachute en torche, l'aviateur entame une descente vertigineuse alors que les Allemands lui tirent dessus. Il eut toutefois le temps d'apercevoir la cathédrale de Chartres.

Voici le récit du Sergent MAPES, 55 ans après les faits: "J'ai atterri sur un tas de foin dans un champ où il y avait d'autres petites meules de foin (probablement dans la Vallée de l'Eure entre le bourg de Lèves et le Stade des Grands-Près). Il y avait des gens à côté d'une grange qui me regardaient alors que j'essayais de dégrafer la courroie de mon parachute. J'espérais courir vers eux et pouvoir rejoindre la Résistance française. Presqu'aussitôt, deux très jeunes soldats allemands qui s'étaient approchés une mitraillette à la main en se dissimulant derrière les autres tas de foin me tombèrent dessus en me traitant de "bandit d'aviateur". Ils m'ont fait marcher jusqu'à la route, traînant derrière moi le parachute dont je réussis enfin à détacher la courroie. Je dus m'asseoir au bord de la route face aux deux Allemands qui braquaient sur moi leurs armes, et ce, jusqu'à ce qu'arrive un véhicule automobile, un genre de "jeep", dans laquelle se trouvait un officier allemand. Celui-ci me poussa à l'arrière de la voiture qui démarra aussitôt. L'un des deux soldats marchait derrière nous. Je ne savais pas ce que l'autre était devenu. Nous avancions jusqu'à une maison bombardée qui se trouvait sur le côté droit de la route. Près de là, au bord de la route, se tenait une très jolie jeune fille qui pleurait. Elle portait un corsage rouge et elle tenait à la main une paire de chaussures rouges. J'ai pensé que la maison bombardée était la sienne. On s'est arrêté là et l'officier la fit asseoir à sa place sur la banquette avant et il me fit descendre. Je dst continuer à pied avec le soldat. Nous marchions donc sur la route au bord de laquelle se trouvaient des Français (probablement dans la rue du Bourgneuf). C'est alors qu'une vieille dame s'approcha du soldat allemand qui me gardait, l'injuria et lui cracha à la figure. J'ai pensé qu'il allait la tuer, mais il l'ignora et nous marchâmes jusqu'à nous atteignîmes ce qui semblait être un magasin dans les dernières maisons du village. C'était, si je me souviens bien, sur le coté gauche de la route. Chaque fois que j'ai vécu des moments terribles au cours de ma captivité en Allemagne, le souvenir de cette brave dame m'a aidé à surmonter ma peur. On m'a fait entrer dans ce que je crois être un magasin. Tout autour, il y avait des glaces comme dans les drugstores d'autrefois aux Etats-Unis. C'est ce qui allait être ma prison pendant plusieurs jours et c'est là que je fus interrogé par un officier allemand. Il m'a dit: "Pour vous, la guerre est finie". On m'a laissé enfermé tout seul pendant le reste du temps où j'ai séjourné dans cet endroit. Durant cette période, les alliés ont continué de bombarder le secteur à plusieurs reprises. Chaque fois que cela se produisait, les Allemands se précipitaient hors du bâtiment, ils me laissaient seul, je présume qu'ils se rendaient dans un abri. C'était la première fois que je me trouvais de l'autre côté d'un bombardement et, le moins que l'on puisse dire, c'était effrayant.

Après plusieurs jours, on m'a emmené dans un petite église à Chartres où se trouvaient en détention d'autres aviateurs américains, en attente de leur départ vers un camp de prisonniers". L'église en question semble être la chapelle du Lycée Marceau. A l'époque, les murs étaient criblés de trous de balles et Harold MAPES crut devoir faire face à un peleton d'exécution (en réalité, il n'en n'était rien). Curieusement, les représentations du Christ avaient été remplacées par celles d'Hitler. Les prisonniers furent conduits à Paris en Mercedes puis Harold MAPES fut conduit dans un camp de prisonnier à STETTIN (Stalag IV), en Pologne. Devant l'avancée russe, le Stalag sera évacué (marche forcée par un grand froid) en début 1945 vers le Stalag 3 puis le Stalag 17. En Avril 1945, il fut délivré en Allemagne.

Durant tout le restant de sa vie, Harold MAPES ne sut jamais qu'un autre membre de son équipage avait survécu à ce crash. C'est en 1995 qu'il fut contacté par Robert SMITH (un ancien aviateur également tombé près de Chartres le 26 Mai 1944) et qu'il apprit l'évasion (échouée) du Sergent BOZARTH. Pour célébrer ses 50 ans de mariage avec son épouse Nancy, il décida alors de réaliser un pèlerinage sur les lieux du crash le 15 Avril 1999. Harold MAPES décèdera le 21 Septembre 2000 d'une crise cardiaque à GLEN ROCK (USA).


Sergent Harold MAPES

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Le 31 janvier 1945, le témoignage du Maire de Nogent-le-Roi fut recueilli: Quatre hommes furent enterrés à Néron et le vicaire de Néron prétendait que le bombardier était en mission pour bombarder Chartres lorsque sa queue a été coupée. Lorsque l'avion fut aperçu pour la première fois, il n’avait plus sa queue. L'avion est tombé le 1er août 1944, à environ 200 pieds du sol, la bombe explosa et l'avion a été éparpillé sur une zone d'une circonférence d'environ 2 miles. Lorsque l'enquêteur a fouillé la zone, des centaines de petits morceaux de l'avion ont été trouvés, aucun plus gros qu'une machine à écrire, à l'exception des moteurs, dont trois ont été trouvés à environ cent à deux cents mètres l'un de l'autre.

 

Témoignage de Mme Bridier Rêve qui se trouvait à Néron ce 1er Août 1944: Lorsqu'elle remarqua l'avion pour la première fois, il venait de la direction de Chartres. La queue manquait et il volait à l'envers, pensait-elle. L'avion survola sa maison et un homme sauta mais son parachute ne s'ouvrit et tomba sur la ferme de l'ancien Josse. L'aviateur était mort lorsqu'il a été retrouvé. A 50 mètres du sol, l'avion explosa et madame Reve se précipita sur les lieux. Les champs étaient couverts de cultures, tout ce qu'ils pouvaient voir, c'était de petits incendies. L'un de ces incendies était un homme sans tête et très abimé.

les autres étaient morts. Les allemands examinèrent les corps et trouvèrent des papiers sur un homme (une facture d'hôtel avec une photo du Sgt Weathon). A son poignet se trouvait un bracelet avec son nom dessus. Les français n'étaient pas autorisés à s'approcher de l'avion ou des autres corps. Le lendemain de l'explosion du 2 août 1944, des officiers allemands vinrent interroger Madame Rêve. Au cours de la conversation, ils précisèrent que la queue de cet avion était tombée à Chartres et que le mitrailleur de queue avait été fait prisonnier (Harold Mapes).

M .Grezil (le fabricant de cercueils) vit également l'avion exploser en l'air. Il est allé avec les autres sur les lieux et c'est lui qui a retiré de l’épave, le torse carbonisé d’un corps inconnu .Il était aux environs de midi

Selon le curé Dumarque (Vicaire de Néron) , les plaques d'identification ont été conservées par les allemands jusqu'à leur départ où ils les ont remises au vicaire qui les a remises au 509th MP Bn le 3 septembre 1944 .

Les trois étiquettes de Pratt, Tracy et Wheaton accompagnèrent les corps jusqu'au lieu d'inhumation.

Rapport MACR n°7824 (B-17 du Lt MELOFCHIK)

 

 

LE CRASH du B-17 DU Lt SPROUL A POISVILLIERS

Au cours de la chute du B-17 du Lt MELOFCHIK, ce dernier heurte un second bombardier du même squadron, dans la formation légèrement plus basse sur la gauche. Il s'agit du B-17 n°43-37859 (Code « IY-D », surnommé « Jeanne ») piloté par le 2nd Lt Robert B. SPROUL qui s'écrase immédiatement à Poisvilliers, au Nord de Chartres. Aucun aviateur n'eut le temps de s'échapper de la carlingue.

Les corps du Lt SPROUL et du S/Sgt KOTILA furent inhumés dans un premier temps dans le cimetière communal de Chartres à Saint-Chéron. Les corps de SPROUL, BENNET, ELLINGTON, LA POINT et de HINDERSCHIELD furent finalement inhumés après guerre au cimetière militaire américain de Saint-Laurent-sur-Mer. Les corps de MOON, KOTILA, MARK et de CORNWELL furent transportés et inhumés aux USA. A noter qu'habituellement, le Sergent MAPES était mitrailleur dans le B-17 du Lt SPROUL et que, ce jour là, le mitrailleur du Lt MILOFCHIK n'était pas rentré de permission. Le Sergent MAPES fut alors volontaire pour le remplacer exceptionnellement et rejoindre l'équipage de MILOFCHIK. Ce choix lui aura sauvé la vie !

Rapport allemand du B-17 de Poisvilliers

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Voici la composition de l'équipage:  

  

Derrière de gauche à droite: LA POINT, KOTILA, HINDERSHEID, MAPES, WILLIAMS, HYSELL

Devant de gauche à droite: SPROUL, BENNETT, ELLINGTON, MOON  (Collection Jean PIERRE)

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Tombe du S/Sgt Donald O’KOTILA

(Long Island National Cemetery à Farmingdale)


S/Sgt Donald O’KOTILA

Kenneth Warren MARK

(source: Robert Hogan)

2nd Lt James MOON

(source: Silvano Theunissien)

 

 2nd Lt Donald L. BENNETT (Collection Jean PIERRE)

 

Rapport MACR n°9189 (B-17 du Lt STEVENS)

 

 

Le crash du P-51 du Lt DORSSENDORFER

Le 1er Août 1944, vers 15H00, les P-51 du 355th FG sont en mission d’escorte des formations de bombardiers qui ont pour objectif le terrain d’aviation de Chartres.

Une fois dans la zone de bombardement, le Flight mené par le Lt DORSSENDORFER décida de s’attaquer à des cibles d’opportunité au sol dans les environs de Chartres. Un train de 10/15 wagons (mais sans locomotive) fut choisi et chaque appareil fit deux ou trois passes. Au moment où le flight se reformait quelqu’un signala l’arrivée de six M-109. La formation se dispersa, le Lt ELLSWORTH confirma avoir été pris en chasse par un Me-109 et gagna au plus vite le refuge que constituait le plafond nuageux. Personne ne revit le Lt DORSSENDORFER.

Le récit du l’Oblt Hubert HECKMANN (pilote allemand du III./JG1) nous éclaire sur les circonstances de ce bref combat aérien : « L’Obstlt IHLEFELD, le Kommodore, avait pris part à cette mission avec son Stabschwarm. Nous avons alors rencontré des Mustang qui, pour une fois, évoluaient à une altitude inférieure à la nôtre. Avant même qu’ils ne nous aient vu, IHLEFELD avait abattu un des Mustang. Le combat éclata aussitôt après dans toutes les directions. J’engageai un combat tournoyant avec quatre Mustang, et après deux ou trois tours, je réussis à atteindre le plus proche qui bascula vers le sol sans que j’ai eu à observer de parachute. Entre-temps, deux Mustang s’étaient échappés et je voulus m’attaquer au dernier lorsque je vis l’Uzz. BRECHTOLD plonger derrière moi à sa poursuite. Il pouvait ne pas m’avoir vu, aussi je m’écartais pour ne pas être abordé. En deux tours, BRECHTOLD avait atteint l’autre Mustang qui alla s’écraser au sol sans qu’une fois encore le moindre parachute ne soit ouvert. BRECHTOLD, particulièrement excité par sa victoire ne pouvait plus se contenir et criait dans la radio « j’en ai abattu un, j’en ai abattu un.. ». J’essayais bien de lui répondre mais il était tellement « remonté » qu’il prit immédiatement la route du retour ». La victoire de l’Obstlt ne sera pas confirmée, contrairement aux deux autres qui furent enregistrée pour 14H58 et 15H00.

Le P-51 44-13553 (Code « WR-C ») piloté par le Lt DORSSENDORFER Vincent G. (matr. 0-680010) s’écrasa à 2 Km au Sud de St Maurice-St Germain. Le pilote sera retrouvé dans la carlingue de son appareil et sera inhumé provisoirement dans le cimetière communal de St Maurice- St Germain. Son corps repose désormais au Calvary Cemetery à Springfield (USA).

Ce P-51 sera le seul perdu par le 355th FG ce 1er Août 1944.

Rapport allemand du P-51 de St-Maurice-St-Germain

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Lt DORSSENDORFER Vincent G

Source: Michel Berckers sur Site Web "Find a Grave"

Rapport MACR n°7727 (P-51 du Lt DORSSENDORFER)

[1] On peut supposer qu’il s’agissait des B-26 du 387th BG et du 397th BG chargés de bombarder l’Est de Chartres.

 

 

Le Bombardement de Châteaudun

De 15H10 à 15H30, le terrain d'aviation de Châteaudun est bombardé par plusieurs vagues de formations de bombardiers américains. On compte 9 vagues de 33 avions groupés par 11 avions avec une direction d'Est en Ouest, par bombardement massif à haute altitude. L'objectif est atteint avec seulement 2 blessés.

Les B-17 du 92nd BG, 39 B-17 du 351st BG et 36 B-17 du 457th BG faisaient partie de cette mission. Largage des bombes à 20.000 pieds d'altitude, avec de bons résultats. Pas de Flak, ni de chasse ennemie au-dessus de l'objectif.

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Le bombardement de Maintenon

De 17H00 à 17H30, bombardement du viaduc de Maintenon par 32 bombardiers quadrimoteurs anglo-américains. 2 civils tués et 30 blessés. 130 bombes dont 30 sur l'objectif.

Rapport de la Défense Passive

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Le bombardement de Bailleau-sous-Gallardon

A 18H30, bombardement de la voie ferrée de Bailleau-sous-Gallardon au lieudit "Pont-sous-Gallardon" par 5 chasseurs-bombardiers anglo-américains attaquant en semi-piqué à très basse altitude.

10 bombes sont larguées sur la voie ferrée et l'objectif est atteint. 1 civil blessé.

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Rapport de la Défense Passive

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Le bombardement de La Puisaye

A 20H15, bombardement de la gare de La Puisaye (lieudit "Glatigny") par une dizaine de bi-fuselés (P-38). La ligne est coupée en un point, les 8 autres bombes tombant dans les bois alentours. Une bombe non éclatée demeure "aux Messuintes". La ferme "Bathilde" et les maisons du hameau "Glatigny" sont endommagées.

 

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Dernière mise à jour: 13/10/2024
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